« La bouffeuse d’asphalte»
Video Essai 1400 GTR
ESSAI: Kawasaki 1400 GTR GRAND TOURER, Modèle 2009 (février 2011, 17 500 km)(août 2011, 30 000 km)
La Voyageuse passée au Crible !
Le Pilote
54 piges, je pilote des motos depuis 1974.
Je roule plutôt sport seul ou avec des potes, sur les petites routes sinueuses, mais avec beaucoup de visibilité. Il reste encore pas mal de routes tranquilles sans radars et sans maréchaussée. Quand je suis accompagné de ma belle, c’est à dire le plus souvent possible, j’adopte une conduite GT, mais soutenue sur grande distance, et pour finir une conduite cool pour les balades, pour profiter du paysage et des parfums que dame nature nous offre, que ce soit en vacances ou en week-end.
Le choix
J’ai choisi le 1400 GTR pour plusieurs raisons.
1) Sa cylindrée de 1400 cc me semble très bien pour : le couple moteur, la fiabilité sur long parcours, pour le roulage en duo et la capacité de chargement, avec ses deux valises de 35 litres chacune, plus le Top-case de 50 litres, c’est parfait. Il me fallait une moto musclée.
2) C’est une GT-Sportive, j’avais envie de changer de registre par rapport au Roadster, mais en restant dans la catégorie des motos assez joueuses.
3) Pourquoi Kawasaki ? La Yamaha FJR la plus proche, mais plus chère avec moins d’équipements. La Honda Pan-Euro, est pataude, moins esthétique. BMW, trop d’options qui font grimper le prix d’achat, et puis j’aime les quatre cylindres japonais.
4) Enfin, je l’ai choisie pour ses qualités routières et son esthétique, quand on la regarde de trois quart, elle a vraiment une belle gueule, sauf le pot, je dois dire que Kawasaki ne pouvait pas faire plus moche. C’est un modèle 2009, elle n’affichait que 983 km en 13 mois, avec un prix de 11 800 €, c’est une excellente affaire. Alors que le prix du neuf frise les 17 000 €.
Présentation de la moto
Je l’ai achetée en mars 2010, et j’ai parcouru 30 000 km depuis.
Elle m’impressionne de par ses dimensions, surtout vu de l’arrière avec ses deux grosses valises. Avec son carénage large et enveloppant, des lignes très tirées, plongeant sur l’avant. Une fourche inversée, des étriers de frein radiaux etc. Que du beau matos, il n’y a pas de doute la grosse Kawa a du mal à cacher ses origines de sportive. Son moteur à refroidissement liquide qu’on aperçoit que furtivement à travers les ouïes d’aérations, donne toute son importance à la machine. Son gros réservoir de 22 litres, lui autorise une autonomie de plus ou moins 380 km avant réserve en roulant à vitesse stable, tout cela en duo et chargée.
Elle est équipée d’un châssis monocoque identique à la 1400 ZZR, qui lui assure une stabilité exemplaire.
Le tableau de bord est d’un aspect classique, vieillot diront certain, moi je le trouve à mon goût, très fonctionnel et complet. On y trouve les traditionnels compte-tours et tachymètre à aiguilles rouges sur fond noir. Il est équipé d’un ordinateur de bord que l’on manipule à l’aide de deux boutons situés au centre, pas très pratiques (au guidon sur le modèle 2010). Il vous renseigne sur votre consommation instantanée, consommation moyenne, de votre autonomie restante très précise, de la tension batterie, du rapport engagé, d’une montre, du niveau de carburant, du kilométrage total, deux trips, et de la jauge de T° du liquide de refroidissement. Cette GT est la première à être équipée d’un dispositif de contrôle de pression des pneus. En effet, un capteur vous rapporte directement au tableau de bord la pression des pneus. On trouve également les classiques témoins : de clignotants gauche et droite, du neutre, d’alerte, de pression d’huile, du feu de route et un témoin d’ABS.
La GTR dispose, placée sous les compteurs, d’un réglage de phares gauches et droits, d’une prise accessoire pratique pour le GPS. Sous la selle vous trouverez également une connectique pour une prise supplémentaire d’accessoire.
Des rétros type automobile repliables de grandes dimensions, positionnés légèrement trop bas (rectifiés sur le modèle 2010), vous offrent une excellente rétro vision et sans aucune vibration.
La 1400 GTR est équipée d’un système anti démarrage "KIPASS" la grosse clé reste en place sur le Neiman. Le propriétaire porte sur lui un petit boîtier magnétique reconnu à distance (environ 2 mètres) par la moto.
La prise en main
La moto est haute avec une hauteur de selle à 815 mm, le poids se fait sentir à l’arrêt, en effet 302 kg tout plein fait, ça calme, gare aux manœuvres en ville et les demi-tours. Mais dés que l’on commence à rouler, la grosse GTR sait se faire oublier. Malgré son gabarit, la prise en main s’effectue assez facilement, comme sur beaucoup de japonaises.
L’ergonomie générale est parfaite avec une position de conduite naturelle et agréable, buste légèrement incliné sur l’avant, mais ne casse pas les poignets.
Le haut guidon tombe bien sous les mains, les commandes de frein et d’embrayage sont de types radiaux et réglables par molettes, les commodos bien placés, sont faciles à utiliser.
La béquille latérale n’est pas pratique d’accès, car trop proche du repose pied pilote. Par contre la moto possède une centrale et se laisse basculer sans trop de difficulté.
Le moteur
Il est caché par l’ensemble du carénage, le gros quatre cylindres est à injection électronique et distribution variable, qui permet de faire varier les courbes de remplissage du moteur. Grâce à l’injection, la mise en route ne pose aucun problème de démarage, à froid comme à chaud, même quand elle couche dehors par une nuit froide et humide.
Le gros 1352 cm3 de 200 ch emprunté à la 1400 ZZR a été civilisé, et à vu sa puissance ramenée à (155ch) 106 ch en version française, il pousse jusqu’à la zone rouge, mais manque cruellement de sensations fortes, dû probablement au bridage.
Le couple moteur n’est pas tout à fait au rendez-vous, pour une telle machine, il manque de "gniac" en dessous de 2500 tr/mn. En effet, il vous oblige à descendre une vitesse, dès que vous essorez la poignée en sortie de virage, en montée ou pour effectuer un dépassement rapide. Mais pour sa défense, quand vous êtes en balade, il est capable de rouler aux alentour des 2000 Tr/mn voir légèrement en dessous.
La GTR est equipée d’un pot catalytique euro 3, cela lui donne une sonorité douce, plutôt agréable, avec un bruit sourd et feutré à la réaccélération.
La boîte de vitesse
Le sixième rapport de boîte surmultiplié est vraiment efficace en terme d’économies de carburant. Le régime moteur se situe aux alentours de 3000 tr/mm pour une vitesse de croisière de 110 km/h. Je trouve la boîte un peu dure aux changements de rapports. Mais elle reste néanmoins précise et bien étagée.
L’embrayage
Il est de type multi disques en bain d’huile et limiteur de couple, avec commande hydraulique au guidon, muni de gros disques, cela lui permet d’encaisser la puissance moteur sans problème, surtout la version française. Il est à la fois souple et progressif, mais avec une légère tendance au collage à froid, bien attendre que le moteur retrouve son ralenti, après 1 à 2 mn de chauffe, avant d’enclencher la 1ère.
Tenue de route
La Grande 1400 GTR est dotée d’un châssis monocoque en aluminium estampé. Sa tenue de route est extraordinaire, très proche d’une sportive, plutôt que d’une GT. Malgré son poids et son gabarit, elle à un comportement fabuleux, elle est d’une efficacité redoutable dans les parties sinueuses. La garde au sol est largement suffisante, même en arsouille, il est difficile d’aller racler les reposes-pieds sur le bitume. Elle est stable, précise dans les enchaînements, ne se redresse pas trop sur les freins en entrée de virage. Sur les départementales tourmentées de nos campagnes ça devient un régal, elle avale les courbes avec aisance. Cet été je l’ai testée dans le Périgord et les Pyrénées. Le plaisir fut au rendez-vous, avec la GTR, on ne parle plus de conduite, mais bien de pilotage, tellement elle vous fait oublier son embonpoint. Passés les 5000 tr/mn, elle devient nerveuse, son moteur est rageur, mais ne vous donne pas la sensation de puissance qu’on attend. Le bridage à cause d’une loi crétine nous fait défaut et prive le motard Français d’un tiers de puissance moteur. Elle est assez maniable en ville, même sur un filet de gaz, pour une machine de cette catégorie, mais gare aux valises dans les remontées de files. En revanche, elle devient pataude en duo et chargée comme une mule, cela à basse vitesse, comme la plupart des motos.
Freinage
La GTR est équipée de deux gros disques de 310/mm semi-flottants en pétales. Les étriers sont radiaux à quatre pistons opposés et quatre plaquettes indépendantes à l’avant. Le freinage est puissant, au début ça plante fort, vous pouvez vous faire des freinages de bûcherons sans déclencher l’ABS. Avec l’habitude ça devient facile à doser même sur l’angle. Ils sont très endurants même en condition intense. Le train arrière est quant à lui pourvu d’un simple disque en pétale de 270/mm et deux pistons opposés. Il est suffisant pour ralentir la moto en complément de l’avant. Pour la sécurité, Kawasaki a équipé de série la GTR de l’ABS. Attention toutefois sur l’angle et sur le mouillé ABS ou pas vous gouterez du bitume, en cas de freinage violent.
Eclairage
Le feu stop/veilleuse que l’on trouve à l’arrière est à LED, et lui assure une bonne visibilité de jour et de nuit. Les clignotants sont bien intégrés dans le carénage de selle ça donne une belle touche esthétique. A l’avant, les veilleuses sont placées au centre et au-dessus un double optique en forme de grands yeux de chat, qui lui donne un côté agressif de sportives. Il est puissant et digne d’un éclairage de voiture. les clignotants sont également très bien positionnés sur les flancs de carénage.
Le confort
La 1400 GTR peut se vanter d’exceptionnelles qualités routières, elle n’a pas à rougir devant ses concurrentes directes que sont les FJR, Pan-Euro, K 1300 GT.
La 1400 GTR est équipée d’origine de deux valises d’une capacité de 35 litres chacune. Elles sont pratiques, étanches et faciles d’utilisation, avec des poignées de transports repliables. Il faut à peine trente secondes pour les monter ou les retirer de la machine à l’aide de la clef de contact. Un petit vide poche sur le réservoir, permet de mettre la monnaie et le ticket pour le péage. Le porte bagage d’origine est un peu faible pour supporter une charge dépassant les 10 kg. J’ai solutionné le problème en adaptant une plateforme maison pour mon top-case de 50 L et une galerie pour mettre la toile de tente et les duvets.
Le pilote est bien installé, les jambes ne sont pas trop repliées, la selle est de bonne qualité, elle est large et ferme, mais reste très confortable même sur grand parcours. Il nous est arrivés d’effectuer plus de 600 km sur une étape, sans pour autant souffrir du fessier. Les reposes pieds arrières sont convenablement placés, pour un passager ne mesurant pas plus de 1,65 m. le carénage est intelligemment pensé, large très enveloppant. Il protège correctement le pilote et sa passagère. La bulle est un peu juste en hauteur, elle engendre quelques turbulences et du bruit au niveau du casque. Quant à l’extrémités des épaules elles restent exposées aux intempéries. La bulle se règle électriquement à partir d’un bouton basculeur sur le commodo gauche. Pour ma part j’envisage de monter celle du modèle 2010, qui est plus large et plus haute, il me faudra rajouter 130 €. Pour la sécurité le 1400 GTR est équipé de feux de détresses et de l’ABS. Je citerai également le cardan dans le confort, tellement il se fait oublier, aucun à-coups, ni d’effet de pompage au passage des vitesses.
Suspensions
L’amortisseur hydraulique Uni-Trak Tetra-Lever est de très bonne qualité. Il est réglable en pré charge à l’aide d’une molette en 36 positions (soft/hard). Pour ma part, je le règle à 15 clics en solo et à 25 clics en duo en partant du plus souple. La détente située à l’extrémité inférieure de l’amortisseur se règle à l’aide d’un tournevis. Je l’ai réglée à 1 tour et je n’y touche plus, car pas facile d’accès.
La fourche inversée de 43 mm de diamètre est réglable en pré charge du ressort à l’aide d’une clé plate, sur une plage de réglage de 4 à 19 mm (pour moi, 10 mm en partant du haut). La détente se règle à l’aide d’une petite molette (7 clics à partir de soft).
La consommation
Le carburant préconisé par le constructeur est au minimum du SP 95, vous pouvez donc rouler avec du SP 98, sans problème. La consommation peut varier de 5,5 litres à 7,5 litres aux 100 Km suivant la conduite du moment. Ce qui nous donne une autonomie variant de 300 à 380 km avant le passage sur réserve, avec un record à 400 Km. En règle générale, je privilégie les nationales et départementales, mais il m’arrive de prendre les voies expresses ou les autoroutes pour les grandes étapes (par ex : vacances) et la consommation ne dépasse pas 5,6 litres pour 100 Km à vitesse stabilisée.
Les consommables
Filtre à air : 51,00 €.
Filtre à huile : 10,47 €
Bougies (4) : 96,64 €, sur le Net à partir de 60,00 €
Plaquettes Avant les deux jeux : 120 € (Brembo), changé à 32 500 km.
Les pneus.
Les Brigestone BT 021, 11746 km AV et AR, en bi-gomme, ils sont très moyen sur la pluie. Ils sont trop longs à monter en température, ce qui leurs donnent une fâcheuse tendance à glisser à l’approche de l’arrête du pneu et en fin de vie ça s’agrave.
Brigestone BT 023 dernière génération de bi-gomme, il est vif et agile dans les enchaînements. Il monte assez rapidement en température, ce qui vous permet de flirter avec l’arrête du pneu. Il a un très bon grip sur le sec et le mouillé, pneu AR 10 389 km et AV 17 114 km (le train complet : 235,00 €).
Dunlop Road smart en Bi-gomme (5627 km), il est excellent en tenue de route, il a un très bon grip sous la pluie, voir supérieur au BT023, fait jeu égal sur le sec avec le BT023, mais perd en longévité.
Entretien
La vidange s’effectue tous les 12 000 Km, c’est convenable surtout pour un gros rouleur, et en période de vacances on apprécie. Comptez 130,00 € pour la révision des 1000 Km.
La révision des 12 000 km, est beaucoup plus complète, car elle comporte la vidange moteur, avec remplacement du filtre à huile, le changement du filtre à air et des bougies. Ce qui occasionne le démontage d'une partie du carénage, long et fastidieux. Comptez environ 360 €.
L’avantage du 1400 GTR, comme sur la plupart des grosses GT, il n’y a pas d’entretien de chaîne, merci le cardan, la jante et le moyeu restent nikel.
En ce qui concerne le nettoyage, pour les peintures, les plastiques j’utilise un shampooing automobile ou du produit à vaisselle, et pour les jantes, le bras oscillant, le moteur, du pétrole pour le dégraissage éventuelle des tâches de goudron.
Conclusion
Une moto fiable, pas de panne en 17 500 Km, heureusement me direz-vous. J’ai eu un bug à 22 485 km, le système anti-démarrage à planté pour une raison inconnue. Pas de panique, si cela vous arrive, il suffit de retirer la selle, de débrancher le boitier électronique, de le rebrancher et tout rentre dans l’ordre. Le 1400 GTR a maintenant 30 000km en août 2011 et tout baigne. Pour finir, malgré quelques imperfections, nous sommes très heureux d’avoir fait l’acquisition de cette GTR. Je crois que nous avons une moto idéale pour rouler à deux, avec une capacité de bagage suffisant.
Article écrit en février 2011, dernière mis à jour en août 2011.