Essai paru dans le Journal des Motards N° 46 aoùt 2007
« La Gourmande de km »
Essai: HONDA 1300 CB
Modèle 2004 (42 500 km)
Modèle 2006 (64 500 km)
3ième génération de motard, je pratique la moto depuis 1974 en tant que pilote.
Je roule plutôt sport seul ou avec des potes, sur petit parcours, et j’adopte une conduite GT, mais soutenue sur grande distance, et pour finir une conduite cool pour les balades, pour profiter du paysage en vacance et week-end, quand je suis avec ma compagne.
Mes bécanes
Honda 125 K5 de 1972, 12 000 Km: (74/75) mes premiers amours, celle qui m’a donnée l’envie et la passion de la moto.
Ø Yamaha 350 YR5 de 1972, 45000 Km: (75/78) La reine de la baston avec les copains “Joe bar Team avant l’heure”
Kawasaki 1000 Z de 1978, 83 000 Km : (78/85) ma première neuve, que du bonheur, excellente routière.
Ø Kawasaki 1000 ST de 1983, 30 000 Km : (86/96) un bon percheron, je n’ai jamais vraiment eu de plaisir avec cette moto, mais j’avais une maison à rembourser et pas trop les finances pour une moto plus récente, et puis pas trop de temps pour rouler.
Kawasaki 1000 Z de 1978, 20 000 Km: achetée en 96, rien à dire sinon que du plaisir à retrouver cette moto que je possède toujours avec maintenant 90 000 Km au compteur.
Toutes ces motos ont été entretenues par mes soins.
J’ai aussi possédée une collection d’une douzaine de motos anciennes de 1928 à 1960, hélas vendue pendant mon divorce. Mais j’ai pu garder une Motobécane 175 Z 2 C de 1952 qui a appartenu à mon oncle et mon Kawasaki 1000 Z de 1978.
La renaissance
Suzuki 1200 Bandit de 2001, 18 000 Km en 16 mois, enfin une moto moderne, ouf ! Il était temps.
Ø Honda 1300 CB (modèle 2004) acheté neuf, en juin de la même année, 42 500 Km en 23 mois.
Ø Honda 1300 CB (modèle 2006) acheté neuf en juin 2006, revendu à 65 500 Km.
Le choix
J’ai choisi le 1300 CB pour plusieurs raisons.
1) Sa cylindrée de 1300 cc me semble très bien pour : le couple, la fiabilité, roulage en duo, pour le chargement, il faut une moto musclée, sans qu’il soit nécessaire de monter dans les tours et de changer de vitesse au moindre faux plat.
2) C’est un roadster, excellent compromis entre, la sportive et la grosse GT.
3) J’aime les motos basiques et pourquoi Honda ? Parce que la concurrence n’avait rien de mieux à me proposer dans cette catégorie.
La moto
Au premier abord, elle en impose avec son moteur à refroidissement liquide qui impressionne par sa taille, mais qui est superbe de fonderie. Son gros bidon de 21 litres, qui lui autorise une autonomie de plus ou moins 300 km avant réserve en roulant à vitesse stable de 110/120 km/h, tout cela en duo et chargé.
Avec un cadre tubulaire de bonne section, double berceau comme à l’ancienne, mais de conception moderne
Une finition exemplaire comme Honda sait le faire, peinture et vernis d’une très bonne qualité et tenue dans le temps.
En ce qui concerne le tableau de bord, il est d’un aspect classique, fonctionnel et complet. On y trouve les traditionnels compte-tours et tachymètre à aiguilles rouges sur fond noir. Suivi d’une montre, du niveau de carburant très précis, du kilométrage, deux trips, de la T° du liquide de refroidissement, T° de l’air, du décompte kilométrique, d’un chronomètre pas très pratique, programmation d’une date (pour une révision par exemple).
Des rétros de dimension suffisante, mais les tiges qui les supportent, sont trop courtes, ce qui réduit d’un tiers la surface de vision. Dommage quelques centimètres de plus auraient suffit sans pour cela nuire à l’esthétique.
Muni de feux de détresse (sur le modèle 2006) et d’une clé codée. Sous la selle on trouve une soute d’une grande capacité, puisqu’on y loge deux combinaisons de pluie et le guide du routard, sans oublier un logement pour un U homologué FFMC, plus la trousse à outils complète.
La prise en main
Le poids se fait sentir à l’arrêt, mais se fait oublier dés que l’on commence à rouler. La prise en main s’effectue donc, très facilement pour quelqu’un qui à l’expérience de piloter un gros roadster, mais pour une personne novice ou de moins de 1,70 m, cela peut être un handicap, dû essentiellement à la taille et au poids de la moto ; en effet 252 kg tout plein fait, ça calme.
L’ergonomie générale est parfaite avec une position de conduite naturelle et agréable, buste légèrement sur l’avant, mais sans excès.
Le guidon tombe bien sous les mains, les commandes de frein et d’embrayage sont réglables, douces et précises, les commodos bien placés, sont faciles à utiliser.
La béquille latérale n’est pas pratique d’accès, à cause d’un ergot trop court et trop en arrière, et la béquille centrale brille par son absence, (facturer 230 € en option, cela reste cher pour un roadster à 10 000 €)
Le moteur
Je le trouve beau, voilà c’est dit.
Quelle gueule ce bloc à refroidissement liquide et injection électronique.
Le moteur est puissant avec 106 ch en version française, il pousse fort jusqu'à la zone rouge, mais reste quand même linéaire. Donc pas de coups de pieds aux fesses comme un bicylindre.
Grâce à l’injection, la mise en route ne pose aucun problème de démarrage, à froid comme à chaud, été comme hiver, même quand elle couche dehors par une nuit froide et humide. Son moteur coupleux qui reprend dés 2000 tr/mm, sur le dernier rapport, avec femme et bagages, sans rechigner et qui envoie à partir de 3000 tr/mm pour atteindre sa pleine puissance vers 7500 tr/mm, le petit bémol c’est qu’il a tendance à vibrer, surtout vers 3000 tr/mm, avec des fourmillements aux bouts des doigts et, aux bouts des pieds, autrement son régime favori se situe aux alentours de 3500/4500 tr/mm.
Equipé d’un pot catalytique euro 2, cela lui donne une sonorité plutôt agréable, avec un bruit sourd et feutré à la réaccélération.
La boîte de vitesse
Un sixième rapport de boîte, aurait été le bienvenu ce qui aurait permis d’abaisser le régime moteur aux alentours de 3000/3500 tr/mm pour une vitesse de croisière de 110 km/h. Je trouve la boîte un petit peu bruyante au changement de vitesses, surtout la première. Mais elle reste néanmoins douce d’utilisation, précise et bien étagée.
L’embrayage
Est de type multi disques en bain d’huile, avec commande hydraulique au guidon, munis de gros disques, cela lui permet d’encaisser le couple moteur sans problème, à la fois souple et progressif, mais avec une légère tendance au collage à froid, d’où le clonque en passant la première.
Tenue de route
Doter d’une excellente partie cycle en tube d’acier, avec un comportement très sain sur tous types de routes.
Le 1300 CB est très agile, précis et facile à inscrire en courbes pour une moto de cette taille.
Sur les petites départementales sinueuses de nos campagnes ça devient un régal, virage après virage, elle avale les courbes avec aisance, malgré son poids, et sa garde au sol plus que suffisante en conduite normale, elle montre ses limites en conduite sportive, puisqu’on arrive à toucher les reposes pieds pilote sur le bitume. Bien sur, il faut montrer son autorité quant on hausse le rythme, c’est que madame se montre récalcitrante à se mettre sur l’angle, surtout avec un freinage appuyé en entrée de courbe, et les enchaînements deviennent vite fatiguant, notamment en montagne où le gabarit et le poids de l’engin vous rappellent que vous n’êtes pas sur une sportive. Très maniable en ville, pour une machine de son gabarit, mais assez pataude en duo et chargée comme une mule, cela à basse vitesse.
Elle a tendance au guidonnage et à glisser avec des pneus usés en sortie de virage sur forte accélération. Par contre il faut proscrire la monte d’origine (Michelin Macadam 100) qui ne convient pas du tout à la moto elle est instable, limite dangereuse sur le mouillé et pas précise dans les entrées de courbes, dû probablement au profil du pneu.
Moi pour ma part j’ai monté des Bridgestone BT 020, excellent compromis en toute circonstance avec un bon grip sur le sec et le mouillé.
Freinage
Munis de deux gros disques de 310/mm à l’avant et d’un disque arrière de 256/mm. Les étriers sont à quatre pistons opposés à l’avant et simple piston opposé à l’arrière, Facile à doser même sur l’angle, ils sont à la fois puissants, progressifs et très endurants même en condition intense. L’arrière est suffisant pour ralentir la moto en complément de l’avant.
Eclairage
Les deux feux que l’on trouve à l’arrière sont à diodes, tout en procurant une bonne visibilité de jour et de nuit, lui donnent aussi une belle touche esthétique. Tandis que le phare est juste de nuit, peut être qu’avec une ampoule de 100 Watt ? Si Honda avait équipé son roadster d’un tête de fourche double optique je l’aurais acheté, mais celui proposé actuellement n’est qu’un simple optique et pas esthétique à mon goût.
Le confort
Le 1300 CB peut se vanter d’exceptionnelles qualités routières et n’a pas à rougir devant une grosse GT.
De bonne facture, la selle est large et moelleuse, même sur grand parcours, puisqu’il nous est arrivés moi et ma compagne d’effectuer plus de 800 km sur une étape, sans pour autant souffrir du fessier. Le seul petit souci ce sont les reposes pieds du passager qui sont placés trop hauts, monsieur Honda, 5 cm plus bas et c’est top. Les amortisseurs (Showa) sont de très bonne qualité, réglables en pré- charge à l’aide d’une clé à ergot sur 5 crans, et en détente à l’aide d’une petite molette située au pied de chaque amortisseur, en dix positions (soft/hard).
La fourche de 43 mm de diamètre est également réglable en précharge avec une clé plate de 14X17 et en détente à l’aide d’un tournevis.Avec les réglages d’origine, la moto à un comportement sain en utilisation normale, mais dés que l’on brusque la bête, elle bouge légèrement en sortie de courbe, avec un effet de pompage dans les pif-paf.
Pour ma part, j’ai durci l’avant en précharge de deux traits et en détente d’un demi-tour.
Pour l’arrière, pré charge 4ième crans et détente 2 clics en partant de hard.
La consommation
Le carburant préconisé par le constructeur est du SP 95, avec pot catalytique. La consommation peut varier de 6 à 7,5 litres aux 100 Km suivant la conduite du moment. Ce qui nous donne une autonomie variant de 260 à 315 km avant le passage sur réserve, avec un record à 350 Km (panne sèche hic !) en rentrant du Portugal. En règle générale, je privilégie les nationales et départementales, mais il m’arrive de prendre les voies expresses ou les autoroutes pour les grandes étapes (par ex : vacances) et la consommation ne dépasse pas 6,5 litres pour 100 Km à vitesse stabilisée.
Les consommables
Le kit chaîne, n'a jamais été changé, sur mon premier 1300 CB (modèle 2004), il a été repris par le concessionnaire avec le kit d’origine à 42 500 Km.
Le kit-chaîne a été changé à 55 134 km, sur le modèle 2006, par un kit AFAM, au prix de 215 € avec pose.
Plaquette AV : Honda d'origine 23500km, très bonne qualité, freine fort.
: Brembo seconde monte, 25000km, excellent freinage égalité avec les plaquettes d'origine Honda.
: Carbon Lorraine troisième monte, plus longue à roder 1500km environ, très bon freinage également, mais il faut tirer un peu plus fort sur le levier.
Plaquette AR : Honda d'origine 64200km, je n'utilise que très peu le frein arrière, uniquement en arsouille.
: Brembo seconde monte, en rodage 200km, pas de recul pour en parler.
Les pneus, je vous donne une moyenne.
-
Michelin Macadam, nul pour cette moto, 6000 km AR, 11200 km AV.
-
Les Brigestone BT020, 14000 km AV et 9000 km AR, ils sont d’excellentes qualités, vif et facile à placer en courbes.
-
Metzeler Z4, 14900 km AR, 18000 km AV, pneu moyen partout, mais une bonne longévité, je l’ai monté sur le modèle 2004.
-
Brigestone BT021 : AV 13000 km, AR 14000 km
-
Brigestone BT 014: AV 11000 km, monté pour faire la Corse, excellent, il colle à la route que du plaisir.
-
Michelin Road 2 : AV monté à 61000km excelent sur le sec, très vif sur les changements d'angles, AR 14000 km, trés bon gripp sur le sec ne glisse pas (même avec les reposes pieds sur le bitume), bon sous la pluie avec de lègers décrochements.