Croisière sur Le Nil (Egypte) mars 2009
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Histoire de prendre un peu de soleil, en cette fin d'hiver, nous décidons de partir en croisière pendant une semaine sur le Nil.
Nous passons par une agence dégotée sur le net, et achetons un voyage avec pension complète et visites guidées des principaux monuments et temples, plus quelques options (Abou Simbel, balade dans le désert à dos de dromadaire, balade en Felouque, balade en calèche).
1er jour, samedi 7 mars
Le 7 mars 2009, nous arrivons en début d'après-midi à l'aéroport Charles de Gaule. Une fois les formalités d'usages accomplies nous nous installons dans la salle d'attente, et c'est vers 19h30 que nous décollons en direction de l'Egypte.
4h30 de vol suffisent pour rejoindre Louxor, il est 1 heure du mat (heure locale) quand l'Airbus A320 se pose sur la piste d'atterrissage de Louxor. Une heure plus tard nous rejoignons le "Diamond Boat" notre bateau de croisière qui est accosté au quai d'embarquement de Louxor. Un pot de bienvenue nous accueille, ainsi que les consignes et le programme du séjour par l'intermédiaire de la voix de Zaki notre guide. Vient ensuite la collecte des frais de visas obligatoire et des frais de service pour la "modique" somme de 48 € par personne. Il est plus de 3h00 quand nous allons nous coucher dans notre cabine, qui le restera pour 8 jours.
2ème jour, dimanche 8 mars
La nuit fut courte, mais pas de temps mort le petit-déjeuner est pris en commun dans une très jolie salle sur le pont supérieur. Départ vers 9h00 pour notre 1ère visite, le Temple de Karnak situé à 2,5 km du bateau.
L'un des plus majestueux, impressionnants et gigantesques ensembles de l'Egypte antique, ce haut lieu est à jamais célèbre depuis le tournage du film "Mort sur le Nil". Un Dromos (allée de sphinx) bordés de Criosphinx long de 2,5 kilomètres, reliait autrefois son annexe le Sanctuaire de Louxor à Karnak. Les Sphinx retrouvés gardent encore l'entrée du Temple, mais beaucoup d'autres restent enfouis sous les maisons du Louxor moderne.
Karnak qui s'étend sur 1,5 km de long et 800 m de large, est composé de plusieurs temples, dont trois principaux construits au début du moyen Empire (XVIIème Dynastie). Le site de Karnak s'étend sur une surface de 123ha et fut un vaste chantier sur une période de deux milles ans, en effet aux cours des générations chaque Pharaon voulut l'enrichir, l'embellir, l'agrandir, le rendre toujours plus majestueux. Le plus imposant est le Temple d'Amon. Dieu de Thèbes qui s'imposa au début du Moyen Empire. Il est représenté sous l'aspect d'un homme, soit à tête de bélier ou d'oie, soit portant une coiffure composé du disque solaire surmonté de deux grandes plumes. Par la suite, il fut assimilé au dieu soleil Rê sous le nom d'Amon-Rê. Le Temple Montou dieu de la région Thébaine, qui est une divinité guerrière. Il est représenté sous la forme d'un homme avec une tête de faucon, portant un disque solaire. Il fut supplanté à Thèbes même par le dieu Amon. Le Temple Mout l'épouse divine d'Amon, au sud de l'enceinte est relié par une allée à tête de bélier au Temple Amon son époux, et le Sanctuaire atonien d'Aménophis IV de la XVIIIème dynastie qui épousa Néfertiti, plus connu sous le nom d'Akhenaton.
A l'époque de sa splendeur, le Temple était réservé au clergé, le peuple se contentant de regarder l'enceinte de briques qui ceinturait la ville sainte. La construction du grand Temple d'Amon-Ré commença avec le début de la XIIème dynastie. Nous remontons sur une centaine de mètres l'allée magnifique (vestige d'une avenue beaucoup plus longue, qui fut tronquée à l'époque romaine) flanquée de quarante béliers accroupis à la manière des sphinx, bordent chaque côté l'allée, tenant entre leurs pattes l'effigie de Ramsès II.
Nous sommes devant la façade du premier pylône, d'une largeur de 113 mètres et de 43 mètres de haut, pour une épaisseur de 15 mètres. Il fut édifié sous le règne de Nectanebo 1er, vers la fin de la XXXème dynastie (IVème siècle avant J.C), en pénétrant à l'intérieur nous découvrons ses dimensions colossales. La grande cour dite "cour éthiopienne" est ici la plus vaste de tous les Temples égyptiens (103m x 84m), construite sous la XXIIème dynastie. Des portiques l'entourent sur deux côtés, avec deux rangés de sphinx à tête de bélier et corps de lion. Cette cour est ouverte au public qui s'y rassemble pour voir le cortège divin les jours de fête. Ceux qui sont considérés comme
Au nord-est de la cour se dresse la statue de Pinedjem (1045-1029 av J.C) haute de 15 mètres, au milieu de cette dernière l'on trouve, une des dix colonnes papyriformes, avec chapiteau ouvert et abaque, ses colonnes soutenaient autrefois le kiosque du pharaon éthiopien Taharka de la XXVème dynastie (690-664 av J.C). La colonne mesure 21 mètres de haut et est formée de 25 tambours de pierre en grès rose.
Dans la partie droite de la cour, intégrée partiellement, se trouve le Temple d'Amon-Ré de Ramsès III (1186-1154 av J.C). Huit piliers osiriaques ceinturent de chaque côté la cour du Temple, destinés aux barques sacrées. Nous observons sur la façade du Temple, une représentation du roi qui massacre les peuples vaincus, et il y a également une représentation du dieu Amon auquel le Temple est consacré.
Nous arrivons au deuxième pylône (L 98 m x l 14 m x H 30 m), où deux statues de Ramsès II en dominaient l'entrée. Il en reste une à gauche en granit rose (15 m de haut) où Ramsès II (1279-1213 av J.C) est représenté avec l'une de ses filles et grande épouse royale la princesse Bentanat, placée entre ses jambes.
Voici maintenant la Grande salle Hypostyle bâtie en 1375 av J.C, la plus célèbre de ce colossal édifice, longue de 103 mètres et large de 53 mètres. Ceux qui sont considérés comme purs, sont autorisés à pénétrer dans la salle hypostyle. Grand vestibule ouvrant sur les appartements du dieu où ne pénètrent que le roi et les prêtres et qui comprend le naos, le saint des saints. La salle la plus admirable de toute l'Egypte, constituée d'une gigantesque forêt de 134 colonnes réparties en neuf alignements, soutenaient le toit. Ces dernières d'une hauteur de 21 mètres et 3.30 mètres de diamètre sont composées de tambours de calcaire. Les décors de la salle et des colonnes sont entièrement peints, et les murs sont également décorés d'inscriptions et de bas-reliefs, représentant les pharaons devant les dieux, à gauche Séthi 1er (1294-1279 av J.C) de la XIXème dynastie, successeur de Ramsès 1er et père de Ramsès II. Et à droite Ramsès II (1279-1213 av J.C) l'un des plus prestigieux pharaons de l'ancienne Égypte.
Le passage qui nous conduit au troisième pylône nous ouvre la voie sur la cour d'Aménophis III (1390-1352 av J.C) qui succéda à Thoutmosis IV et qui mena l'Empire égyptien à l'apogée de sa puissance. Autrefois 4 obélisques la dominaient, un seul reste aujourd'hui, il repose sur un carré de deux mètres de côté et pèse 143 tonnes pour une hauteur de 23 mètres. On continue vers la partie la plus ancienne de Karnak, le quatrième pylône, inférieur en taille au troisième. Il est de l'époque de Thoutmosis 1er (1506-1493 av J.C), nous franchissons son portail et nous accédons à la salle de Thoutmosis 1er. Des piliers agrémentent l'intérieur de la cour, au centre s'élevaient jadis deux obélisques de la reine Hatchepsout (1478-1458 av J.C). Il fut édifiés à l'occasion de son jubilé, l'obélisque de gauche est encore debout, tandis que celui de droite est couché sur le sol en plusieurs morceaux.
Les cinquièmes et sixièmes pylônes ont étaient édifiés successivement par Thoutmosis 1er (1506-1493 av J.C) et Thoutmosis III (1458-1425 av J.C). Les salles qui les séparent sont en mauvais état, mais nous remarquons deux belles statues en grés rouge d'Amon et de sa parèdre Amonet. Le sixième pylône sans grand intérêt est franchi rapidement, suit la grande salle des fêtes. Elle fut érigée par Thoutmosis III, c'est un ensemble de plusieurs pièces qui servait aux cérémonies jubilatoires. Vingt colonnes supportant des chapiteaux en forme de cloche et trente deux piliers soutenaient le plafond.
Les 7e, 8e, 9e et 10ème pylônes, qui appartiennent à l'allée des processions, qui sont en cours de restauration ou qui font l'objet de fouilles, sont fermés au public.
La visite se termine par le lac sacré d'Amon, le plus grand de tous les temples est creusé sous le règne de d'Aménophis III (1390-1352 av J.C). Il était utilisé pour les fêtes durant lesquelles, des images des dieux le traversaient en bateaux, et il servait aussi quotidiennement aux prêtres qui s'y purifier quatre fois par jour. Le lac sacré mesure 130 mètres de long pour 77 mètres de large. Sur ses bords se trouvaient les logements des grands prêtres et élevages d'oiseaux destinés aux offrandes sacrées.
Nous retournons sur le bateau pour le déjeuner vers 13h00, ensuite l'après-midi est consacrée à la navigation. Nous remontons le Nil sur 50 km, en regardant défiler lentement le paysage paisible et la vie locale qui grouillent de vivacité. Nous en profitons pour faire connaissance avec les autres membres de notre groupe, et faire beaucoup de photos du paysage et des petits villages qui sont disséminés aux bords du Nil. Vers 17h00, nous arrivons à l'écluse d'Esna que nous passons rapidement, et continuons jusqu'à tard dans la nuit pour atteindre notre destination du lendemain, Edfou.
3ème jour, lundi 9 mars
La routine s'installe, petit-déjeuner ensuite départ vers 8h00 en direction du Temple d'Horus qui est situé sur la rive gauche du Nil. Horus symbolisé par un faucon ou représenté par un corps humain surmonté d'une tête de faucon. Fils d'Isis, il est le protecteur de la dynastie. Le Temple d'Horus à Edfou a été édifié entre 237 et 57 av J.C, les travaux commencèrent sous Ptolémée III et furent achevé sous Tinère. Il est un des mieux conservés d'Egypte, dû à l'ensablement qu'il a subit pendant plus de deux millénaires. Il est consacré à la triade composée du père Horus de Behedet qui est un dieu faucon, de l'épouse Hathor, Déesse de l'amour et de la mort et du fils Harsomtous. Il est le plus grand et imposant Temple de la dynastie des Ptolémées et le deuxième après Karnak. Il mesure 137 mètres de long et 79 mètres de large, pour une hauteur de 36 mètres.
Le Temple d'Horus est situé sur la rive ouest du Nil, entièrement construit en grès, ce temple est splendide de part ses proportions harmonieuses et de sa conservation exceptionnelle. A l'époque chrétienne, le Temple fut transformé en église, ce qui explique la dégradation de certains reliefs. En effet les premiers chrétiens se sont acharnés sur les visages, les pieds et les mains des personnages représentaient sur les murs et les colonnes.
On accède au Temple en franchissant un pylône de 40 mètres de hauteur, décoré d'énormes reliefs montrant le roi et les dieux. Nous suivons notre guide, et nous découvrons la cour pavée, entourée sur trois côtés d'une galerie à colonne, dont la base est ornée d'une couronne de feuilles et les chapiteaux sont en forme de palmiers. Les fûts des colonnes ainsi que les murs, sont décorés et recouverts de reliefs et d'inscriptions. Au fond de la cour se dresse une magnifique statue d'Horus Faucon en granit gris, coiffé de la couronne de Haute et Basse Egypte.
Nous entrons dans la salle Pronaos, formée de six colonnes aux chapiteaux palmiformes et de murs-bahuts séparant la cour de l'intérieur du temple. Le plafond du pronaos est soutenu par douze colonnes à chapiteaux floraux, décoré de scènes évoquant le ciel étoilé. A gauche de la salle se trouve la maison du matin et à droite la petite bibliothèque où on l'on conservait les papyrus sacrés. La deuxième salle hypostyle est plus petite, comporte elle aussi douze colonnes perpendiculaires à celle du pronaos. Elle s'ouvre sur la gauche à la salle des offrandes liquides et sur la droite une antichambre suivie d'une de la salle des trésors. Après avoir traversé la salle des offrandes et la salle centrale, nous débouchons sur la partie la plus intéressante et profonde du temple. Devant nos yeux ébahis, se dresse un Naos (sarcophage), un monobloc de granit gris patiné haut de quatre mètres, datant du règne de Nectanebo II (XXXème dynastie, 360 à 343 av J.C). Le plafond est orné de scènes représentant la déesse Nout, et des douze étapes accomplies par le soleil sur la barque divine. Dix chambres et chapelles entourent le saint des saints, et dans l'une la réplique de la barque funéraire sacrée, qui permettait au pharaon de quitter le monde des vivants pour celui des morts.
Zaki nous conduit vers la galerie de la victoire, qui clôturera cette visite. La Galerie de la Victoire entoure le bâtiment situé au-delà du pronaos. Sur le mur d'enceinte, gravé en relief, le récit des guerres livrées contre Seth par Rê et Horus et la victoire de ce dernier sur ses ennemis (représentaient par des hippopotames et crocodiles).
Il est presque midi lorsque nous regagnons le Diamond Boat, pour le déjeuner, ensuite place à la navigation. De nouveau le paysage des bords du Nil défile lentement, accrochant notre regard sur quelques villages ou collines de grès et de sable. Il est 17h00 et nous sommes à 165 km de Louxor, lorsque nous accostons à quai.
Vers 17h20, nous commençons la visite du temple de Kôm Ombo. Le site de Kôm Ombo remonte à la Préhistoire, il est au cœur d'une importante vallée agricole et à proximité de la principale voie de communication entre le Nil, l'Ouadi Hammamat et le désert oriental. Kôm Ombo est isolé et installé au sommet d'une colline, au pied de laquelle le Nil coule paisiblement. Kôm Ombo fut édifié à l'époque de Ptolémée VI Philométor (180 à 145 av J.C) et Ptolémée VIII Évergète II (145 à 116 av J.C). De façon très originale, le temple est dédié à deux triades distinctes. La partie gauche est réservée au dieu Haroëris "Horus le grand", il est représenté sous les traits d'un homme à tête de faucon couronné du disque solaire, dieu bienfaisant et vainqueur de Seth. Il est accompagné de son épouse Tasenetnofret "la sœur de bonté" et de leur fils Panebtaouy "le seigneur du Double Pays". L'autre partie est réservée à Sobek le dieu crocodile et dieu de la fertilité, il est le fils de la déesse aquatique Neith, et il est adoré partout dans le delta du Nil. Il y a également son épouse Hathor et son fils Khhonsou.
Comme le pylône principal a été détruit lors d'une crue du Nil, nous pénétrons à l'intérieur du temple par le côté; on entre ainsi par le petit portail de l'enceinte. Nous arrivons dans une cour pavée, clôturée par un portique sur trois côtés. Il ne subsiste que des portions de colonnes, dont certains motifs ont conservé leurs beautés. Zaki nous conduit dans une première salle hypostyle dont la façade est décorée au nom de Ptolémée XII Néos Dionysos, elle-même entourée de Thot et d'Horus dans une scène de purification.
La seconde salle hypostyle est la sœur jumelle de la première. Ensuite trois salles intermédiaires se succèdent, la 1ère et 3èmes salles latérales qui contenaient le trésor du temple et les offrandes, et la 2ème salle présente des scènes d'offrandes. Au fond du temple, les deux sanctuaires accolés; Nous observons dans le déambulatoire intérieur, des reliefs de la procession du Nil et des porteurs de produits miniers. Un second couloir extérieur, nous conduit au mur d'enceinte sur lequel des scènes d'Isis et Nephtys accouchant, ainsi que des instruments chirurgicaux en reliefs. Tous les murs et les couloirs sont recouverts de reliefs, dont certains gardent des traces de couleurs à base d'ocre. Cependant la plus grande partie du temple fut détruite par l'érosion, les tremblements de terre et le démantèlement pour servir de carrière à la reconstruction d'autres temples. Dans l'enceinte du temple, il y a un puits d'environ 3 mètres de diamètre pour une profondeur de 15 mètres, un escalier permet de descendre au fond, ainsi qu'un bassin modeste qui servait à abriter des crocodiles sacrés.
Pour clôturer cette journée Zaki, nous entraine dans un endroit pour y déguster un succulent thé à la menthe. A l'entrée du souk un groupe de musicien nous souhaite la bienvenue. Nous entrons sous une sorte de tente berbère et nous nous installons sur de confortables coussins, deux musiciens entament des morceaux de musique traditionnelle. Après avoir bu notre thé, nous regagnons le Diamond boat, pendant que nous dinons, la navigation à repris son rythme et c'est vers minuit que nous atteignons Assouan.
Assouan (anciennement Syène) est considérée comme la plus belle ville d'Egypte, ici se bousculent des siècles d'histoire, aux croisés du Nil et de l'immense désert qui lui sert de toile de fond.
4ème jour, mardi 10 mars
8h00, le petit déj est pris dans la grande salle à manger du ferry, à 8h45, nous grimpons dans le bus climatisé qui nous conduit aux petit et haut barrages d'Assouan. Le premier (petit) barrage est construit en 1902 par les anglais, il servait à irriguer les cultures de coton, mais n'empêchait pas les crues du Nil. C'est sur un projet du Président de l'époque "Gamal Abel Nasser" que le second (haut) barrage « Sadd El-Ali »est édifié à environ 6 km en amont de l'ancien, sa construction démarre en 1960. La construction dure 11 ans et réclama 30 000 travailleurs. Ses dimensions sont colossales, 3,600 km de long, 111 mètres de hauteur et 980 mètres à sa base pour 40 mètres à son sommet. Le dieu Nil est dompté, le rêve des pharaons accomplis et le Lac Nasser qui en découle est majestueux.
Le lac d'une longueur de 500 km, pour une capacité variable de 157 à 185 milliards de mètres cube d'eau, permit d'envisager l'irrigation de 850 000 hectares de terre désertique. Le barrage d'Assouan qui est l'un des plus imposants au monde, pose quelques problèmes. Notamment d'ordre écologique, en effet le Nil coule plus vite qu'auparavant. Il menace d'érosion ses berges, et par la même occasion les monuments archéologiques édifiés le long du fleuve. Les apports limoneux charriés autrefois par les crues, ne viennent plus engraisser les terres fertiles qui s'appauvrissent, et demandent des engrais chimiques. De plus, l'engloutissement d'une province entière, (la Nubie berceau des pharaons), obligea le déplacement d'une population d'environ 100 000 personnes à quitter la région. Et enfin, le barrage de par sa position est une menace en cas de guerre ou d'attentat. S'il est détruit, il provoquerait un véritable raz de marée et submergerait une grande partie de l'Egypte.
Sans l'intervention de l'UNESCO, les trésors archéologiques auraient disparu à jamais, une vingtaine au total ont été démontés, puis déplacés et remontés pierre par pierre en Egypte et au Soudan. Les plus célèbres : les temples d'Abou-Simbel furent déménagés et surélevés tout près de leur lieu d'origine.
Il est déjà 11h00, nous entrons dans une boutique de parfum, que nous visitons assez rapidement, à l'intérieur nous assistons à la fabrication d'un flacon fantaisie, effectué par un souffleur de verre. Une deuxième visite suit la première, mais celle-ci se passe dans un magasin d'art, où l'on assiste à une démonstration de fabrication de papyrus, rapide mais intéressante. Enfin tout cela ressemble plus à un traquenard à touriste! Une fois à l'intérieur c'est très difficile de sortir sans acheter, les vendeurs sont vraiment collants et les prix assez chers, mais nous réussissons à sortir sans dommage pour le portefeuille. Après le déjeuner prit sur le rafiot, nous partons en felouque (bateau à voile typique de l'Egypte) à la découverte de l'île éléphantine et de l'île Kitchener. C'est une réserve naturelle, aux multiples îles et îlots peuplés d'une myriade d'oiseaux variés qui niche aux milieux des roseaux, joncs et papyrus. Ces îles sont disséminées sur une vaste étendue d'eau calme du Nil, coincée entre la ville d'Assouan et le 1er barrage.
Il y a une heure environ que nous serpentons à travers les îles et la végétation, quand nous accostons sur une rive du fleuve sacré pour effectuer une visite d'un village Nubien. Ce village s'avère être sans aucun intérêt majeur. Quelques maisons sont dispersées sans géométrie particulière. L'architecture de ses bâtisses est de fabrication traditionnelle en torchis, aux murs blancs ou ocre, aux portes et fenêtres aux couleurs pastelles. Nous sommes conviés à prendre le thé, à déguster des galettes de maïs et des gâteaux délicieux. Nous voguons de nouveaux à travers la réserve naturelle, pour rejoindre le lieu où nous attendent nos montures et leurs chameliers.
Le soleil commence lentement à décliner, quand nous entamons notre balade sur nos vaisseaux du désert. Une frénésie intense s'empare de nous, une seule obsession atteindre les berges du Nil au galop, pour immortaliser le coucher du soleil sur la ville d'Assouan et la vallée du Nil. Mais nos dromadaires sont vieux, et fatigués d'avoir promenés toute la journée des touristes, et c'est plus souvent aux pas que nous arriverons sur le haut plateau, qui domine la vallée du Nil et la ville d'Assouan. Nos jeunes chameliers qui nous accompagnent nous rejoignent quelques instants plus tard. Un vue magnifique s'offre à nos yeux, le soleil finit sa course derrière une colline, il fait presque nuit et la ville d'Assouan se pare de mille lumières qui se mirent et scintillent sur le ruban liquide que forme le Nil. Nous dévalons la dune dans le noir pour récupérer le petit bateau qui nous reconduit au "Diamond Boat".
5ème jour, mercredi 11 mars
Lever 4h45, le départ est prévu à 5h45 pour les temples d'Abou-Simbel (en option 160 €). Mais c'est sans compter avec les tracas militaire, une fouille du bus, une vérification sommaire des passagers, une discussion qui n'en finit pas entre notre guide et les autorités. Au bout d'une heure tout est en ordre, un militaire armé d'une kalachnikov prend place dans le bus pour assurer notre protection. Enfin nous partons, il est presque 6h20, le soleil est déjà bien présent et nous commençons à sentir ses rayons nous réchauffer doucement à travers les glaces du bus. Nous roulons à vive allure sur le ruban noir de goudron qui se prolonge à l'infini, au delà de mon regard. Et je ne me lasse pas d'admirer cette immensité fascinante au relief plus ou moins bosselé que forment les monticules de grès, ainsi que les petites dunes de sables. 3h00 plus tard, nous arrivons devant les fabuleux temples d'Abou-Simbel.
Abou-Simbel qui semble n'avoir jamais bougé de place depuis des millénaires, à néanmoins été déplacé. Les deux temples sont situés à 260 km au sud d'Assouan, sur la rive gauche du Nil face au soleil et à la frontière du Soudan. Ils furent découverts par hasard en 1813, par un archéologue Suisse « Johann Ludwig Burckhard», et pratiquement ensablés. Plusieurs expéditions se succédèrent avant de se rendre compte que les effigies de Ramsès II, puisqu'il s'agit de lui étaient en réalités assise et non debout, comme on pouvait le supposer tant leurs tailles sont impressionnantes. Le grand Champollion, spécialiste Français de l'Egypte ancienne s'y rendit en 1823 à l'occasion d'une expédition Franco-Toscane.
C'est seulement en 1909-1910 et la construction du 1er barrage et de la montée des eaux du Nil, que l'architecte italien « Barsanti » déblaya la terrasse et mis à jour les statues colossales qui ornent la façade. Ensuite il dégagea la chapelle nord et acheva de désensabler l'ensemble des deux temples. Suite à la construction du 2ème barrage, les eaux du Nil menaçait d'engloutir définitivement les temples d'Abou-Simbel. Deux projets de sauvegarde furent proposés au gouvernement Egyptien et à l'UNESCO (André Malraux en était le Directeur Général de l'époque) entre 1960 et 1963. L'un des projets était d'édifié un barrage autour du site et le second le déplacement des temples. C'est ce dernier qui fut retenu, le découpage débuta en août 1965 et prit fin en juillet 1966.
Les statues, les plafonds et les murs furent découpés en 1042 blocs de plusieurs tonnes chacun. Puis le réassemblage commença 65 mètres plus haut, en veillant à ce que leurs orientations et leurs positions soient strictement conforme à l'origine. Un ouvrage de béton armé fut coulé derrière les murs intérieurs, ainsi qu'une voute pour supporter les collines artificielles de parements. Enfin des milliers de tonnes de roche en grès furent déposées sur les dômes afin de respecter l'aspect originel. Après avoir parlé du sauvetage d'Abou-Simbel, passons maintenant à la visite. L'ensemble est situé sur la colline de Méha, il domine le Nil de plusieurs dizaines de mètres. Ramsès II fit creuser dans la falaise, deux temples rupestres pour son culte et pour celui de son épouse Néfertari (XIX Dynastie).
Nous commençons par le plus petit, celui qui est dédié à la déesse Hathor et à Néfertari, l'épouse bien aimée de Ramsès II. Sa façade est orientée vers l'est, et est ornée de six statues du couple royal. Aucun Roi ne rendit autant d'honneur à une reine, Ramsès II garda pour Néfertari une profonde vénération, malgré ses huit mariages et son important harem. Néfertari est l'une des rares reines à être divinisée de son vivant sous les traits d'Hathor, déesse de l'amour et de la fertilité. Nous entrons dans la cour intérieure qui est soutenue par six piliers carrés dont les chapiteaux sont ornés des têtes d'Hathor. Trois faces des piliers représentent Ramsès et Néfertari faisant des offrandes à différentes divinités. Sur le mur est, de part et d'autre de l'entrée, une scène de l'exécution d'un prisonnier Nubien par le roi devant la reine, ce qui est un fait exceptionnel. Du côté nord du mur, le dieu Horus attribue à Ramsès la victoire sur le peuple du nord. Le mur sud nous dévoile quatre tableaux reliefs : Le pharaon intronisé par les dieux Horus seigneurs de Méha et par Seth, Ramsès est introduit par la déesse Hathor qui lui assure la royauté, le roi Ramsès faisant l'offrande de Maât à Amon-Rê et enfin Néfertari présentant une offrande à la déesse Anuket.
Sur le mur nord on retrouve également quatre tableaux reliefs : Ramsès présentant des papyrus à Héryché-ef, Ptah remettant au roi les spectres de la couronne, Néfertari agitant le sistre devant la déesse Hathor et en dernier Horakhty recevant du roi Ramsès l'offrande du vin. La paroi du mur ouest représente Néfertari faisant des cadeaux à Mout du côté nord et à Hathor du côté sud. Le vestibule qui suit est décoré du même style de relief que la cour intérieure. On trouve sur la paroi est Néfertari coiffée des ornements de Sothis, en signe de protection au dessus de sa tête, Isis et Hathor l'entourent, symbolisant la déification de la reine. La paroi ouest du côté sud est ornée de Ramsès faisant des présents à trois divinités, l'Horus de Bouhen, l'Horus de Miam et l'Horus de Baki. Auprès de la porte d'entrée donnant sur le saint des saints, Amon-Rê recevant des mains du roi du vin, également sur le mur ouest du côté nord, le roi renouvelant le même geste en faveur de Rê-Horakhty. Plus loin c'est Néfertari présentant des fleurs de lotus à Khnoum, Satis et Anuket.
Pour clôturer cette visite du petit temple, nous finissons par le saint des saints, sur le mur du fond est représentée la déesse Hathor sous les traits d'une vache sortant de la montagne, avec l'image du roi placé devant sa poitrine. Sur la paroi du nord, un relief de Ramsès offrant l'encens devant le roi et la reine, c'est-à-dire lui-même et sa femme divinisés. Et à l'identique sur la paroi sud c'est Néfertari accomplissant le même geste devant Hathor et Mout.
Nous voici devant le grand temple, celui qui est dédié à Ramsès II et aux trois grands dieux Amon-Rê, Rê-Horakthy et Ptah. Il possède une façade unique au monde tant par la démesure que par la magnificence de l'époque. Des statues géantes de 20 mètres de haut décorent la façade en grès rose de 40 mètres de large, qui est elle aussi positionnée à l'est et s'élève à 31 mètres de hauteur. Constitué d'un seul trapèze, taillé dans la masse, fait unique sous l'Egypte ancienne au lieu des deux traditionnels trapèzes que l'on trouve dans la construction des autres temples. Les quatre statues de Ramsès assis sur son trône gardent l'entrée du temple, on remarque des statues de moindre importance aux pieds des colosses qui représentent la famille du pharaon : ses épouses, ses fils, et ses filles. Et l'on trouve à une place d'honneur de part et d'autre du portail, la grande épouse royale Néfertari se tenant debout, dans la position de la marche. Une autre place de choix à la gauche et à la droite des colosses de Ramsès, est réservé aux enfants des épouses royales : la princesse Bentanat (fille d'Isis-Nofret) et les princesses Merytamon et Baket-Mout (filles de Néfertari). Au dessus du linteau de la porte, dans une niche creusée dans la roche, une statue du dieu Rê-Horothy (Horus) à tête de faucon surmonté du disque solaire.
Nous pénétrons et arrivons dans une 1ère salle de grandes dimensions (16 m sur 18 m), de forme rectangulaire avec huit statues piliers de Ramsès debout disposées sur deux rangées et mesurant sept mètres de haut, supportent le plafond. L'une des faces des piliers représentent Ramsès avec les symboles d'Osiris (le spectre et le fouet). Les parois sont décorées de reliefs, rappelant la vie du pharaon, dont le mur nord supporte une fresque sculptée de 18 m de long, représentant une superbe scène guerrière de la bataille de Kadesh. Le mur est qui suit présente de part et d'autre de la porte d'entrée, Ramsès anéantissant ses ennemis devant Amon-Rê d'un côté et devant Rê-Horakthy de l'autre côté. Le mur sud n'est pas en reste puisque une magnifique gravure de Ramsès II sur son char visant un ennemi de ses flèches, suivit de trois de ses fils sur des chars également. Et pour finir le mur ouest, où l'on voit Ramsès présentant deux rangées d'ennemis à une triade divine. Il s'agit de Nubiens offerts à Amon-Rê, Ramsès déifié et Mout. On voit également sur le mur ouest, des Hittites se tenant devant le roi, assis entre Rê-Horakthy et une déesse à tête de lionne. Nous sommes éblouis par la qualité de conservation des peintures, tant la coloration est extraordinaire. Les plafonds des nefs latérales sont des ciels étoilés et celui de la salle-cour est recouvert de vautours aux ailes déployées conduisant vers la salle hypostyle. Nous entrons maintenant dans salle hypostyle à quatre piliers carrés. Cette salle est décorée de scènes religieuses où le roi et la reine prennent place parmi les dieux, en particulier sur les murs nord et sud, dans l'adoration de la barque divine.
Nous voici à l'entrée du sanctuaire, le Saint des Saints, représenté par quatre statues assises et taillées dans la masse de gauche à droite : Ptah, Amon-Rê, Ramsès II et Rê-Horakthy. On constate que Ramsès est parmi les trois dieux majeurs de l'empire, égal à eux, il devenait ainsi dieu lui-même et non plus fils de dieu. Le message de Ramsès est clair en ce plaçant comme quatrième gardien de la barque sacrée, il a bien acquis toutes les qualités divines d'un dieu. Tous les matins le temple est baigné de la lumière solaire, et deux jours par an, le 20 février et le 20 octobre. Le soleil se lève dans l'axe de l'entrée et pénètre au plus profond du temple. Au cœur du sanctuaire trois statues reçoivent la lumière bénis des dieux, sauf celle de Ptah, gardien des ténèbres placée à l'extrême gauche, qui reste dans l'ombre. Il nous en faut pas plus pour restés émerveillés et extasier devant le génie des architectes Egyptiens de l'époque.
Il est environ 13h00 lorsque nous remontons dans le bus, mais auparavant nous avons fait quelques emplettes sur le site d'Abou-Simbel. Nous prenons le déjeuner sur le chemin du retour à bord du bus, en jetant un regard de temps en temps sur le désert qui nous sert de décor. C'est dans l'après-midi que nous arrivons au "Diamond-Boat", nous rejoignons notre cabine pour un moment de repos. Une heure plus tard nous montons sur le pont supérieur, comme la navigation à repris son cours nous en profitons pour nous détendre. Nous bénéficions du balai incessant des felouques, glissant nonchalamment entre les joncs et les papyrus pour faire des photos du paysage qui défile lentement.
6ème jour, jeudi 12 mars.
Cette journée de navigation se passe entièrement à bord, nous redescendons le Nil vers Louxor en contemplant la vie locale. Les photos se succèdent à un rythme régulier, c'est qu'il y a beaucoup de choses à observer. Tout d'abord les felouques et les petites barques de pécheurs, qui participent à la vie intime du grand fleuve sacré. Puis sur chaque rive, des petits villages aux maisons en torchis, nichés et dispersés au milieu des palmiers et des herbes folles ou tout simplement posés en bordure du Nil. Nous voyons des hommes, des femmes et des enfants affairés à cultiver les champs, à surveiller les moutons, les chèvres ou quelques vaches éparpillées parmi les joncs et les grandes herbes. Le spectacle semble immuable depuis des millénaires, au delà de cette bande de vie, l'immense désert garde jalousement son territoire. Il est 17h00, lorsque que nous abordons le quai de la ville de Louxor (autrefois Thèbes).
Le bus nous attend déjà, pour la visite du temple de Louxor (Amon) situé au sud de la ville et à quelques encablures de notre point d'attache. Le temple dédié au dieu Amon, construit essentiellement sous les XVIIIème et XIXème dynasties et sur les ruines de l'ancien sanctuaire d'Hatshepsout. C'est sous le règne Amenhotep III, vers 1400 av J.C, que débuta les travaux, continués sous Toutankhamon puis terminés par Ramsès II un siècle plus tard. Nous approchons de l'entrée principale et nous constatons qu'il ressemble beaucoup à celui de Karnak, mais en plus petit.